Guido LeBron (Christian Delacruz), Kerry Walsh (Antonia Delacruz), John Duykers (Jesùs Guajardo), Ava Pine (Blanca), Vale Rideout (Igneo), Mabel Ledo (Estella), Rubin Casas (Mgr Ruiz). Milwaukee Symphony Orchestra, dir. Joseph Rescigno (live, 2010).
CD Albany Records, TROY 1296/97. Distr DistrArt.

Depuis un peu plus de vingt ans, le compositeur californien Don Davis (né en 1957) a fait sa marque dans le monde de la télévision et surtout du cinéma, grâce en particulier à la trilogie des films Matrix. En octobre 2010, la Florentine Opera Company de Milwaukee créait ce Fleuve de sang, premier ouvrage lyrique de Davis, sur un livret de Kate Gale traduit en espagnol par la poétesse et militante des droits de l'homme Alicia Partnoy. Située dans une contrée hispanophone non identifiée, l'intrigue s'empêtre en présentant l'ascension et la chute du président Christian Delacruz : tremblement de terre, mort de son fils du choléra, assassinat de son futur gendre, enlèvement puis exécution de sa fille, trahison de son meilleur ami qui le trompe avec sa femme et puis usurpe le pouvoir ; rien n'est épargné au personnage avant sa mort prévisible à la fin du troisième acte. Devant une telle accumulation d'horreurs, on se dit que la partition de Davis doit nécessairement posséder une certaine puissance dramatique. Malheureusement, il n'en est rien, le musicien s'étant contenté d'illustrer par des couleurs très ternes un livret verbeux à l'extrême qui comprend notamment trois interminables prières latines. Si l'on reconnaîtra une certaine grandeur au chœur de déploration qui survient après la mort du fils du président, il faut convenir que l'œuvre baigne dans une atmosphère glauque que ne rehaussent pas vraiment les quelques pages de musique salsa, en raison de leur intégration par trop maladroite. Entre Guido LeBron, Delacruz presque indifférent, Kerry Walsh, son épouse qui crie plus qu'elle ne chante, et John Duykers qui a complètement perdu sa voix, seuls se distinguent Vale Rideout et Ava Pine dans les rôles des jeunes amoureux. Joseph Rescigno dirige de façon honorable, mais ne peut sauver du naufrage l'ensemble de l'entreprise.

L.B.