Betsy Horne (comtesse Maritza), Mehrzad Montazeri (Tassilo), Lydia Teuscher (Lisa), Pia Viola Buchert (Manja), Jeffrey Treganza (baron Koloman Zsupán), Peter Schöne (prince Populescu). Orchestre de la radio de Munich et Chœur du Volksoper de Vienne, dir. Ernst Theis. (Munich, Prinzregententheater, 27-29 avril 2018).

CPO 777 399-2 (2 CD). 2018. 2h16. Notes et synopsis en allemand et en anglais. Distr. DistrArt Musique.

Cinquième opérette de Kálmán publiée chez CPO, cette Comtesse Maritza succède à Die Zigeunerprimas (2003), Die Bajadere (2014), Die Faschingsfee (2017) et Kaiserin Josephine (2017), coffrets ayant attiré l'attention sur des ouvrages à peu près oubliés de nos jours. La situation est évidemment différente en ce qui regarde Gräfin Mariza, car, depuis sa création triomphale au Theater an der Wien en 1924, la partition a donné lieu à cinq adaptations cinématographiques, une bonne dizaine d'intégrales, sans compter de nombreux disques d'extraits qui ont immortalisé ses thèmes d'inspiration hongroise entremêlés de rythmes ensorcelants de valse et de fox-trot. Disons-le sans ambages, cette nouvelle parution ne répond que partiellement à nos attentes. À la tête de l'Orchestre de la radio de Munich, Ernst Theis se montre trop souvent brut de décoffrage, dirigeant sans grandes nuances une musique pourtant débordante de sensualité et de mélancolie rêveuse. Dans le rôle-titre, l'Américaine Betsy Horne fait entendre une généreuse voix de soprano lyrique capable de vaillance, mais la palette d'expression s'avère limitée et la technique est parfois mise à mal par l'écriture de Kálmán, en particulier dans le finale du deuxième acte, où les longues phrases jubilatoires de « Hei, Mariza » lui posent problème. Ces quelques difficultés ne sont cependant que péchés véniels en regard des graves déficiences du Tassilo de Mehrzad Montazeri : maillon faible de la distribution, le ténor ne possède aucunement la technique et encore moins le charme vocal pour se couler avec délice dans des airs aussi fameux que « Wenn es Abend wird » et « Komm, Zigan ». En revanche, l'autre couple de la pièce, Lisa (sœur de Tassilo) et le baron Koloman Zsupán (clin d'œil au Baron tzigane de Johann Strauss), sont bien servis par Lydia Teuscher et Jeffrey Treganza, qui, sans essayer de forcer leurs moyens somme toute assez modestes, chantent leurs duos avec beaucoup de fraîcheur et de conviction. Dans le bref rôle de la bohémienne Manja, Pia Viola Buchert nous régale d'un « Glück ist ein schöner Traum » d'une belle instrospection. Voilà en somme un enregistrement inégal qui ne bouleverse en rien une discographie dominée par la version dirigée par Willy Mattes et mettant en vedette la Mariza d'Anneliese Rothenberger, le Tassilo de Nicolai Gedda et la Manja d’Edda Moser (EMI, 1971).

Louis Bilodeau