Michael Spyres (Chapelou/Saint-Phar), Florie Valiquette (Madeleine/Madame de Latour), Franck Leguérinel (le marquis de Corcy), Laurent Kubla (Biju/Alcindor), Michel Fau (Rose), Yannis Ezziadi (Louis XV), Julien Clément (Bourdon), Chœur accentus, Chœur et Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, dir. Sébastien Rouland, mise en scène : Michel Fau (Paris, Opéra-Comique, 5/7 avril 2019).
Naxos 2.110662. Notice et synopsis et angl. et franç. Distr. Outhere.

 

L’an passé, cette résurrection du Postillon de Lonjumeau avait été l’un des points forts du printemps lyrique parisien. Son édition vidéo en ravive le souvenir et confirme les qualités. Plein de verve et de talent (délicieuse Florie Valiquette, fantasque Franck Leguérinel), le plateau vocal et théâtral est joyeusement dominé par Michael Spyres, dont le ténor stratosphérique associé à une élocution châtiée procure des joies rares. Outre des chœurs irréprochables, la direction vive et précise de Sébastien Rouland fait ressortir à l’orchestre tous les sucs de la malicieuse partition d’Adam. Et l’opéra-comique est servi jusqu’au bout, dans son essence même : la moindre mesure de chœur ou de soliste est parfaitement compréhensible, et l’alternance de textes parlés et chantés coule naturellement, dans le style et dans le son. Un ravissement.

La mise en scène de Michel Fau, qui s’offre une apparition drolatique en Rose, mène à bon train les échanges entre personnages (y compris dans les ensembles les plus longs) et opte pour une scénographie de tableaux vivants au kitsch assumé : l’œil est gorgé de couleurs vives et motifs baroques, posés sur un dispositif à l’ancienne (frontalité en deux dimensions) et une inspiration historiciste (les costumes) ainsi détournés avec une pétulance… frisant la surcharge. Mais, par son jeu de plans rapprochés, la réalisation de François Roussillon permet d’alléger la touffeur visuelle des décors (Emmanuel Charles), lumières (Joël Fabing) et costumes (Christian Lacroix), qui avait justement constitué un bémol en salle par son côté « too much » virant à l’écrasement plastique, et rééquilibre aussi la perception sonore des interprètes placés trop en hauteur, alors moins audibles lors des représentations. C’est là l’exacte plus-value que l’on attend d’une bonne captation. Bref : pour un voyage à Lonjumeau, ne ratez pas ce coche et son postillon.

 

Chantal Cazaux