Bruno de Simone (Gianni Schicchi), Francesca Longari (Lauretta), Anna Maria Chiuri (Zita), Dave Monaco (Rinuccio), Antonio Garés (Gherardo), Costanza Fontana (Nella), Matteo Lantieri (Gherardino), Francesco Venuti (Betto di Signa), Eugenio Di Lieto (Simone), Min Kim (Marco), Giada Frasconi (La Ciesca), Enrico Marabelli (Maestro Spinelloccio), Shuxin Li (Pinellino), Adam Jon (Guccio), Chœur et Orchestre du Mai musical florentin, dir. Valerio Galli, mise en scène : Denis Krief (Florence, 20/23/XI.2019).
Dynamic 37874. Notice et synopsis en ital. et angl. Distr. Outhere.

Suite de la publication fragmentée par Dynamic d’un Trittico pourtant donné en soirée unique à Florence l’an passé. Déjà appréciée dans Il tabarro, la scénographie de Denis Krief va à l’essentiel (un palazzo de parois abstraites, dont les ouvertures donnent vue sur le Ponte Vecchio), gère bien l’espace et la multiplicité des interprètes (la quête agitée du testament de Buoso Donati, parfaitement réglée) et sait épicer sa direction d’acteurs de contrechamps savoureux. Le plateau vocal réuni est parfaitement équilibré ; on y remarque un Rinuccio juvénile, prudent mais aux tendres élans lyriques (Dave Monaco), une Lauretta au beau legato (mais mise en péril par les tempi endormis du chef) ; Anna Maria Chiuri renouvelle en Zita le mélange de tempérament et de vibrato anarchique déjà entendu en Frugola et Eugenio Di Lieto (fort honnête Simone) pâtit seulement de son maquillage trop visible. Bruno de Simone dessine un Schicchi en creux, sans effet outré, bâtissant peu à peu son personnage comme Schicchi installe son filet, compensant les inégalités de son émission et sa tessiture aux extrémités fragilisées par un sens de la repartie et de l’intention sans défaut. Mais « Addio Firenze » a hélas raison de son soutien et accuse les limites vocales de son incarnation.

La déception vient surtout de l’orchestre. Direction languissante (on s’ennuie pendant la veillée funèbre des Donati : un comble !), indifférence à l’esprit aiguisé de la musique (quid des grincements du début, de l’ironie des lamentations quand elles reviennent sous l’entrée de Schicchi, des coloris diaphanes du trio féminin ?), manque de définition et de précision dans les accents, monotonie de la dynamique d’ensemble : Valerio Galli semble laisser aux seuls chanteurs la responsabilité d’une verve que Puccini a pourtant infusée dans la moindre note de sa partition.


Chantal Cazaux