Anja Harteros (Floria Tosca), Aleksandrs Antonenko (Mario Cavaradossi), Ludovic Tézier (Scarpia), Andrea Mastroni (Cesare Angelotti), Matteo Peirone (le Sacristain), Mikeldi Atxalandabaso (Spoletta), Luca Casalin (Sciarrone), Levente Páll (un Geôlier), Benjamin Aster (un Berger), Salzburger Bachchor, Salzburger Festpiele und Theater Kinderchor, Staatskapelle Dresden, dir. Christian Thielemann, mise en scène : Michael Sturminger (Salzbourg, mars et avril 2018).
C Major 748308. Distr. Distrart Musique.


Dans le sous-sol d’un parking, Cesare Angelotti révolvérise une patrouille de police avant de s’échapper dans l’église de Sant’Andrea della Valle. Michael Sturminger aurait-il translaté l’action de la pièce de Victorien Sardou dans l’Italie des Brigades rouges ? On le dirait : tout le monde en costumes des années 60-70, Floria Tosca très « executive woman » (mais, au Palais Farnèse, retrouvant la robe rouge de la cantatrice pour mieux poignarder), Mario Cavaradossi en rapin plutôt façon Bohème qu’en cavaliere, Scarpia en marcel pédalant sur son vélo d’appartement, on rirait presque si l’absence de direction d’acteur n’entraînait plutôt aux larmes.

Que de convention derrières quelques audaces, comme cette exécution dont les bourreaux seront les enfants d’une institution religieuse. Peu sensible au feu puccinien, Christian Thielemann raffine les timbres d’une Staatskapelle pourtant un peu épaisse, et ne cerne guère les élans de sa Tosca : Anja Harteros, admirable tigresse comme le fut jadis Ljuba Welitsch dans les quelques extraits discographiques qu’on lui en connaît, aurait mérité d’être mieux comprise, le style altier, le legato impérial du Scarpia trop noble de Ludovic Tézier y trouvant son compte à moins d’encombres. L’ardent Cesare Angelotti d’Andrea Mastroni ne nous rembourse pas du chant engorgé d’Aleksandrs Antonenko, en rien, de ligne vocale, de prestance physique, un cavaliere, nouvelle preuve que les grands Otello ne sont que rarement des Cavaradossi accomplis.


Jean-Charles Hoffelé