Claire Debono (Orthésie, Orie), Jeffrey Thompson (Osiris, Aruéris), Ingrid Perruche (Myrrine, Memphis), François Lis (Canope), Kalanidhi Dance Company, Seán Curran Company, New York Baroque Dance Company, Chœurs et Orchestre de l’Opera Lafayette, dir. Ryan Brown, mise en scène : Catherine Turocy, Anuradha Nehru, Seán Curran (Washington, octobre 2014).
Naxos 2.110393 (1 DVD). Distr. Outhere.


Rameau en Égypte, mais pas seulement. Les trois entrées de cet opéra-ballet imaginé par Cahusac auront connu une récente fortune discographique, les voici maintenant « montrées ».

Coté musique, bravo à Ryan Brown qui sait caractériser avec poésie les trois entrées comme le prologue et s’est cette fois doté d’une belle distribution largement francophone : Claire Debono rayonne de son chant pur en Orie, Ingrid Perruche donne une sacrée présence à Memphis, François Lis déploie les charmes de sa basse lyrique idéale pour Canope, Jeffrey Thompson se laisse gagner par le beau français de ses partenaires et brosse avec subtilité Aruéris, les petits emplois sont méritants sinon parfaits avec une mention spéciale pour le grand Prêtre de William Sharp.

Et coté scène ? Le pari d’avoir confié chaque entrée à un chorégraphe différent produit hélas un handicap majeur : ce que la danse dit ne suffit pas à susciter chez les chanteurs la moindre direction d’acteur, chacun s’emparant de son personnage pour lui seul. Reste donc la danse. Osiris surprendra avec son mixte pas toujours heureux entre la syntaxe codifiée du Kuchipudi et la gestique baroque, mais captive autrement que les maniérismes égyptomaniaques de la seconde entrée, Canope, qui avoue des costumes à petit prix sur lesquels la caméra a tort de s’attarder. Et si l’entrée finale, Aruéris, ou Les Isies était la plus réussie ?

Pour ce paradis des Arts, Catherine Turocy mêle les styles avec grâce, donnant à l’ensemble une fluidité assez magique qui pourtant ne fait pas oublier le défaut majeur du spectacle : l’orchestre en fond de scène qui réduit d’autant l’espace pour les chanteurs, mais d’abord pour la danse.

Jean-Charles Hoffelé