Philippe Talbot (le comte Ory), Julie Fuchs (la comtesse Adèle), Gaëlle Arquez (Isolier), Ève-Maud Hubeaux (Ragonde), Patrick Bolleire (le Gouverneur), Jean-Sébastien Bou (Raimbaud), Jodie Devos (Alice), Orchestre des Champs-Élysées et chœur Les Élements, dir. Louis Langrée, mise en scène : Denis Podalydès (Paris, Opéra-Comique, 27-29 décembre 2017).
DVD Unitel / C Major 747408. Notice et synopsis en angl., all., franç. Distr. DistrArt Musique.

En décembre 2017, la production nous avait enthousiasmés. La voici enfin disponible en vidéo. Captée en fin de série, elle avoue quelque fatigue chez certains interprètes : Ève-Maud Hubeaux, qui avait été annoncée souffrante à la première et était ensuite apparue fort convaincante, gère ici ses registres avec une sensible prudence et expose un bas-médium un peu affaibli, de même que Philippe Talbot domine quelques minimes scories dans l’aigu, inexistantes quinze jours plus tôt. Mais ce sont broutilles face à une réussite d’ensemble exceptionnelle.

Direction déliée de Langrée, chœur Les Éléments d’une idéale éloquence, solistes tous impeccablement accordés à leur personnage vocal et spirituel : c’est Byzance ! Philippe Talbot vaut ses confrères planétairement médiatisés : lui comme ses partenaires, et comme la mise en scène de Podalydès qui ne cherche pas à dévier le courant d’un livret qui a la fraîcheur d’un ruisseau de montagne, nous font même préférer ce DVD à celui du Met avec Flórez : ce comte Ory est ici moins charmeur que persuasif, intrigant, véritablement coquin ; Julie Fuchs redéfinit l’histoire avec sa comtesse Adèle en mal de caresses et d’une inventivité permanente dans l’ornementation, chantée comme un clin d’œil mutin ; le Gouverneur de Patrick Bolleire est généreux de voix et de présence, tout comme la Ragonde d’Ève-Maud Hubeaux, et Jodie Devos est un luxe en Alice. Dans les élégants décors d’Éric Ruf et les costumes de Christian Lacroix, Denis Podalydès fait confiance au Comte Ory, à Rossini, à un théâtre où l’on joue à jouer avec l’exacte distance entre complicité avec le public et folie douce.

L’une des plus belles réalisations de l’Opéra-Comique, l’un des spectacles les plus réussis qu’on ait vu à Paris depuis longtemps, l’un des DVD à avoir sans condition dans sa vidéothèque !

Chantal Cazaux


À lire : notre édition du Comte Ory / L’Avant-Scène Opéra n° 140 (avec Le Voyage à Reims)