Mirco Palazzi (Maometto II), Mert Süngü (Paolo Erisso), Elisa Balbo (Anna Erisso), Victoria Yarovaya (Calbo), Patrick Kabongo Mubenga (Condulmiero, Selimo), Camerata Bach de Poznań, Virtuosi Brunenses, dir. Antonino Fogliani (live, Bad Wildbad, 15-23 juillet 2017).
CD Naxos 8.660444-46. Notice et synopsis en anglais et allemand. Distr. Outhere.

Deux versions éditées existaient à ce jour de Maometto II (Philips 1983, dir. Scimone et AVIE 2013, dir. Parry) – sans compter la version de Venise de cet opéra (1822, avec ouverture et happy end), donnée à Bad Wildbad en 2002 et alors documentée par Naxos. Le même label revient cette fois à la version originale (Naples, 1820) pour une nouvelle captation live en direct du Festival Rossini in Wildbad. La flamme du théâtre, attisée par la direction pleine de nerf et de drame d’Antonino Fogliani, compense en partie les faiblesses musicales de la production, à commencer par un orchestre un peu maigre (mais plus qu’honnête) et, surtout, des chœurs carrément étriqués en effectif et bien faillibles, tant en qualité de timbre que de mise en place. C’est vraiment dommage. Le plateau de la création alignait les noms légendaires (Filippo Galli en Maometto, Andrea Nozzari en Erisso, Isabella Colbran en Anna !), chacun prétexte à une partie vocale exigeante. La distribution réunie ici s’en approche à moitié : le Maometto de Mirco Palazzi possède une autorité vocale admirable, un timbre riche et une virtuosité puissante dignes de s’inscrire dans la lignée Galli-Ramey ; et le mezzo charnu, aussi virtuose que magistral, de Victoria Yarovaya, porte bien le travesti de Calbo sans oublier pour autant la finesse d’un chant dentelé. Mais Mert Süngü, souvent très nasal et parfois aux limites de ses moyens (révélant aussi maints soucis d’intonation, notamment dans les ensembles), ne parvient que par intermittences à remplir le rôle d’Erisso, malgré son fiorito assez délié et des intentions perceptiblement vibrantes. De même Elisa Balbo est-elle trop légère pour Anna dans son cœur de tessiture, et – surtout – pas assez nette dans son ornementation, nonobstant une présence sensible. L’écoute offre donc, en alternance, vrais moments de bravoure interprétative, et vraies déceptions.

Chantal Cazaux