Cécile Achille, Anaïs Bertrand, Virginie Thomas, Maïlys de Villoutreys, Virgile Ancely, Jonathan Spicher, David Witczak, ensemble Marguerite Louise, dir. Gaétan Jarry.
Château de Versailles Spectacles 001 (1 CD). 1 h. 2017. Notice en français. Distr. Outhere. 

Longtemps, la délicieuse idylle en musique Les Arts Florissans (1685) - selon la graphie d'époque - ne fut disponible que dans la version gravée pour Harmonia Mundi en 1981 par.... Les Arts Florissants de William Christie. Mais voici la relève, celle d'un jeune ensemble qui porte le nom d'une musicienne de la lignée des Couperin et rassemble des artistes dont beaucoup se sont formés auprès de Christie ou jouent encore avec lui (tel est le cas, notamment, du violoniste Emmanuel Resche ou du flûtiste Sébastien Marq). Enregistrée à Versailles avec des forces nettement plus importantes que la précédente (on compte, par exemple, six flûtes et six violons), cette nouvelle lecture évoque davantage la gloire de Louis XIV, les festivités de la paix de Ratisbonne, que les divertissements privés de Mademoiselle de Guise. Non qu'elle soit pompeuse, bien au contraire - le geste de l'organiste Gaétan Jarry apparaît empreint d'une élégance et d'une souplesse constantes. Mais la variété des effectifs permet une plus grande diversité de climats, d'inflexions, voire de langages : l'« italianité » de Charpentier ressort ici avec force, grâce à la subtile différenciation des « airs » et « récitatifs » (bien que, dans l'esthétique française, on nomme alors « récit », à l'époque, ce qui en Italie est un air...), le confort des cordes permet d'épanouir, d'élargir le phrasé dans les ariosos accompagnés (celui de la Musique qui ouvre l'œuvre, par exemple), tandis que le continuo souligne la labilité du parlé-chanté et que l'harmonisation des grandes danses finales gagne en densité. L'approche se veut plus théâtrale, plus « premier degré » que celle de Christie, qui était plus distanciée, et, évidemment, plus solistique. Les solistes, ici, sortent du chœur de dix-huit membres, expressif, lyrique, mais un peu brouillé par une prise de son réverbérée. Si les timbres graves ne manquent pas de personnalité - frappante Architecture de la mezzo Anaïs Bertrand, éloquente Discorde du baryton David Witczak, même si on peut préférer dans ce rôle une voix plus sombre -, les trois sopranos, en revanche, ont tendance à toutes se ressembler et leur diction généralement évasive n'aide pas à différencier leurs parties. C'est pourquoi les brefs extraits de La Couronne, donnés en complément et surtout dévolus à Virginie Thomas, Maïlys de Villoutreys et Cécile Achille nous ont paru nettement plus lénifiants. Il n'empêche : paru conjointement avec L'Europe galante de Campra par Sébastien d'Hérin, ce disque prouve que le tout nouveau label « Château de Versailles spectacle » sait choisir ses poulains !

Olivier Rouvière