Paris, Publications de la Sorbonne, coll. Histoire contemporaine, 2013, 354 p, 25 euros.

Ces actes de colloque ont pour objectif d'étudier le phénomène festivalier dans son histoire comme dans sa spécificité contemporaine, qu'il s'agisse des festivals occidentaux de musique - savante ou populaire -, de théâtre, de cinéma, de danse et d'arts plastiques, ou des « festivals » au sens anglo-saxon, élargissant la notion aux fêtes saisonnières voire ritualisées existant dans des cultures nordiques ou extra-européennes.

L'amateur d'art lyrique sera certes plus directement sensible à trois de ces études. Aude Ameille, dans « La renaissance de l'opéra », lie directement une certaine infertilité institutionnelle de l'opéra dans les années 1950-1970 au fait que trois compositeurs, justement, aient contribués directement à la fondation de festivals, derniers lieux de commande et de création pour le genre : Britten à Aldeburgh, Menotti à Spoleto, Henze à Montepulciano. Michel Rapoport, pour sa part, ausculte plus en détail l'aventure brittenienne, son enracinement dans la population d'Aldeburgh et ses spécificités artistiques. Amélie Charnay, quant à elle, interroge « la construction de l'identité autrichienne » à travers l'histoire paradoxale du Festival de Salzbourg, portant d'abord haut cette revendication identitaire pour se distinguer de l'Allemagne et du Festival de Bayreuth, renversant ensuite de façon spectaculaire sa position pendant les années d'Anchluss, se reconstruisant enfin après 1945, à l'instar du pays.

La plus grande partie du volume est certes consacrée à des questionnements qui s'évadent largement de la sphère lyrique. Mais la mise en perspective pluridisciplinaire est indéniablement enrichissante quand il s'agit de tenter une définition historique (Pascal Ory : « Qu'est-ce qu'un festival ? »), de prendre le pouls du contexte politique (Caroline Moine : « Les festivals artistiques de la guerre froide ») ou la mesure de la diversité des domaines d'études : du cinéma dans l'URSS à la pop music, du Brésil au Burkina Faso ou du film queer à la culture juive, sans compter la bande dessinée et la télévision, l'ouvrage jalonne à la fois le siècle et la planète, les arts et leurs avatars. Si le champ de réflexion s'en trouve presque trop vaste pour pouvoir articuler un questionnement transversal de bout en bout cohérent, il n'en ouvre pas moins des pistes d'étude passionnantes, qui sont autant de témoignages sur les pratiques culturelles mondiales, leurs enjeux esthétiques, sociaux et politiques.

C.C.