Bleu nuit éditeur, collection « Horizons », 2017, 176 pages, 20€.

 

L'anniversaire des 450 ans de Claudio Monteverdi (1567-1643) nous vaut la parution de ce petit livre extrêmement synthétique. Tous les amoureux du grand Claudio connaissent la plume de Denis Morrier, spécialiste de la musique du XVIIe siècle qui a notamment signé pour L'Avant-Scène Opéra divers Guides d'écoute et articles consacrés au Couronnement de Poppée, à Orfeo ou au Retour d'Ulysse. Auteur par ailleurs d'un Gesualdo (Fayard, 2003), Morrier a déjà fait paraître divers titres consacrés à l'auteur d'Orfeo, parmi lesquels Monteverdi, l'art de la rhétorique (Philharmonie de Paris, 2015). S'inscrivant dans la ligne éditoriale qui est celle des éditions Bleu Nuit, l'auteur présente ici le musicien par le biais d'un parcours biographique ponctué de focus sur ses principales créations. Sept chapitres évoquent ainsi successivement les débuts à Crémone et les premiers livres de madrigaux, l'arrivée à Mantoue, l'apparition du genre représentatif et la création d'Orfeo, la composition des Vêpres de la Vierge, l'installation à Venise, le Huitième Livre de madrigaux (qui inclut notamment Il combattimento di Tancredi e Clorinda) et les deux derniers opéras conservés (Il ritorno d'Ulisse in Patria et L'incoronazione di Poppea). Quelques illustrations (en noir et blanc) et diverses citations musicales émaillent l'ouvrage, que closent un tableau synoptique, une excellente bibliographie et une discographie plus discutable. Dans les premières sections, des encarts procèdent à des mises au point bienvenues (sur « la modalité dans les œuvres de Monteverdi » et l'emploi des chiavette). Bien que ce soit avant tout le musicologue qui s'exprime tout au long du livre, le style est clair, précis, jamais empesé - il frôle même la sécheresse dans son souci d'être informatif sans transgresser les limites éditoriales. Les notes, concises, révèlent l'atout principal de ce texte : un constant retour aux sources les plus fiables et aux dernières découvertes, permettant une mise en perspective de l'apport montéverdien et rappelant les zones d'ombre qui cernent encore cette production. Les digressions sont évidemment rares mais celle qui concerne la cour de Mantoue, sa composition, son ambiance, son aura, est passionnante. En revanche, les proportions du livre ne combleront pas vraiment les amateurs d'opéra : Morrier apparaît manifestement plus intéressé par les madrigaux de Monteverdi que par ses ouvrages théâtraux, sur lesquels il passe plutôt rapidement (pas de résumé détaillé, notamment - mais il est vrai que, sur ce sujet, les informations ne manquent pas). On regrette ainsi que la première moitié du volume apparaisse plus délayée que la seconde. En outre, de la part de l'éditeur, une relecture supplémentaire n'aurait pas nui (« emprunt » à la place d'« empreint », p. 12, etc.). C'est donc plutôt par la quantité de renseignements pertinents sinon inédits qu'il recèle que par ses qualités purement rédactionnelles que brille ce livre, à placer aux côtés du Monteverdi plus disert de Roger Tellart (Fayard, 1997).

O.R.