A l'occasion de l'exposition Rameau et la scène présentée à la Bibliothèque-musée de l'Opéra du 16 décembre 2014 au 8 mars 2015 et participant de l'« année Rameau », la BnF et l'OnP éditent un catalogue conçu à quatre mains par Mathias Auclair, conservateur en chef et adjoint au directeur de la Bibliothèque-Musée de l'Opéra, et Elizabeth Giuliani, conservateur général et directrice du département de la Musique de la BnF.

Par nature, le volume est riche d'une iconographie superlative : portraits du compositeur et de ses interprètes les plus fameux, maquettes de costumes et de décors - tous plus foisonnants et somptueux les uns que les autres -, fragments de textes et partitions autographes ou d'éditions originales, font revivre sous nos yeux les conditions de création des ouvrages lyriques du Dijonnais comme de ses musiques de ballet. Mais il s'agit autant d'une plongée historiographique dans le faste de l'Académie royale de musique et de danse que d'un panorama de la redécouverte de Rameau au XXe siècle : cette traversée-là s'effectue notamment avec Hippolyte et Aricie et ses successives présentations (sa résurrection en 1908, puis les mises en scène de Pier Luigi Pizzi en 1983, Jean-Marie Villégier en 1996 puis Ivan Alexandre en 2009/2012). Les Indes galantes montées à l'Opéra-Comique en 1925 dans une esthétique Art Nouveau puis à l'Opéra en 1952 avec cinq peintres de l'Ecole de Paris, Dardanus revisité par Lavelli (1980), Platée par Pelly (1999) et Les Boréades par Carsen (2003) sont autant de jalons révélant la puissance théâtrale et la force d'imaginaire que recèlent les chefs-d'œuvre de Rameau.

Outre de multiples appendices pratiques (Chronologie, Sources, Bibliographie, Discographie, Index...), le sommaire fait aussi la part belle à de précieuses études de fond, d'une solide érudition balancée par une fluide lisibilité : « Rameau et le genre lyrique » (E. Giuliani) cerne la tragédie lyrique et les « querelles » esthétiques qui ont émaillé son existence ; « Décors, costumes et mises en scène » et « Les interprètes de Rameau à l'Opéra » (M. Auclair) interrogent la continuité d'une tradition et ses aléas, mais aussi celle de la représentation scénique et de l'interprétation musicale. Des témoignages de chef d'orchestre (Christophe Rousset), metteur en scène (Jean-Marie Villégier) et chanteur (Jean-Paul Fouchécourt) complètent justement ce portrait de l'artiste en homme de théâtre. Tous ces textes font de « Rameau à la scène » une expérience en plus d'un objet d'étude : en résulte la beauté vivante d'un volume appelé à figurer dans toute bibliothèque d'amateur de Rameau, et plus généralement d'art lyrique.

C.C.