Laura Polverelli (Olimpino, Nerina), Aldo Caputo (Tamburlano, Don Chisciotte), Matteo Belli (Sancho Panza), Accademia degli Astrusi, dir. Federico Ferri, mise en scène: Gabriele Marchesini (Bologne, 22.X.2011).
DVD DHM 88765433889. Distr. Sony.

Le Père Giovanni Battista Martini (1706-1784) est passé à la postérité en tant que théoricien, musicographe et pédagogue - il eut notamment pour disciples Grétry, Jean-Chrétien Bach, Myslivecek, sans omettre le jeune Mozart, qui lui vouait affection et admiration. L'on sait moins qu'il composa, entre 1726 et 1746, cinq petits opéras - ou plutôt, intermèdes - qui, presque tous - ce n'est pas un hasard - parodient la musique de leur temps, à la façon du Teatro alla moda de Marcello (1720). Il semble que l'Accademia degli Astrusi ait pour projet de tous les enregistrer et, plutôt que de débuter avec ceux dont les livrets sont désormais bien connus des barocomanes (le fameux Impresario delle Canarie de Métastase ou La Dirindina de Gigli), a d'abord opté pour les deux plus tardifs. Avouons-le : ils ne nous ont bouleversé ni l'un ni l'autre par leur originalité. Il maestro di musica confronte un professeur de chant féru de nouveautés galantes à un jeune castrat attaché au style « ancien ». Si l'on apprend une foule de détails sur la carrière d'un divo d'alors (« vous ne devez pas chanter avant de ne vous en être fait prier cinq fois ! ») et si les pastiches d'arie di paragone sont amusants (« Semblable aux gnocchis qui font glouglou dans la casserole/Mon cœur bat... »), le propos apparaît trop convenu et la musique, hésitant entre Pergolèse et Domenico Scarlatti, trop attendue pour réveiller l'intérêt. Le thème d'Il Don Chisciotte va aussi connaître une belle fortune dans l'opéra buffa de la seconde moitié du XVIIIe : ici, le Chevalier à la triste figure se voit malmené par la facétieuse Nerina, d'abord grimée en chevalier, puis en sorcière - ce qui donne lieu à deux airs de belle venue. Le premier intermezzo est mis en scène « à l'ancienne », dans un décor de bibliothèque rappelant Arcimboldo, le second dans un dispositif plus conceptuel, abstrait, joliment éclairé - la patte du génial Dario Fo, dont se réclament ces scénographies, n'étant perceptible qu'à travers quelques mimiques d'acteurs. Côté interprétation musicale, le ténor Aldo Caputo, en dépit d'un timbre assez sec, l'emporte, par sa fougue et son intelligence du texte, sur la mezzo Laura Polverelli au médium terni, apparemment confrontée à des pages trop graves. Quant à l'orchestre (à cordes), mené tambour battant, ses sonorités nous ont paru bien rugueuses... Une curiosité, donc.

O.R.