Olga Peretyatko (Matilde), Juan Diego Flórez (Corradino), Mariano Filippo Romano (Raimondo), Anna Goryachova (Edoardo), Nicola Alaimo (Aliprando), Paolo Bordogna (Isidoro), Chiara Chialli (Contessa), Simon Orfila (Ginardo), Giorgio Misseri (Egoldo), Ugo Rosati (Rodrigo), Dario Sallusto (Udolfo). Orchestre et chœur du Teatro Comunale de Bologne, dir. Michele Mariotti. Mise en scène : Mario Martone (Pesaro 2012).
DVD DECCA 0440 074 3813 8. Distr. Universal.

La captation pesaraise de 2012 était attendue : elle ne devrait pas trop décevoir. Dans son rôle fétiche, Juan Diego Flórez en est, pour sûr, la vedette absolue, confirmant et même surpassant son incarnation in loco de 2004 au côté de la délicieuse Annick Massis (CD Decca). L'une des redécouvertes majeures du festival, cet opera semiseria créé à Rome en 1821 (donné ici dans sa mouture napolitaine revue et enrichie), trouve dans la mise en scène de Martone, conçue pour le vaste espace de l'Adriatic Arena mais ici recalibrée, une fine élégance au service d'une direction d'acteurs d'une discrète efficacité, le trait ne venant jamais surligner la drôlerie naturelle des situations. Les péripéties un rien étirées voient le très misogyne et redouté Corradino se convertir à l'amour et à ce monde où « les femmes sont faites pour vaincre et régner ». Le livret prolixe inspire à Rossini, avec le secours de Pacini, une musique non exempte d'autocitations et emprunts divers, mais souvent irrésistible tant la vocalité de haut vol en épouse la théâtralité ironique.

La présente reprise, dirigée avec précision et alacrité par un Michele Mariotti sans doute moins éblouissant que Riccardo Frizza qui le précédait hier au pupitre, se démarque également sur le plan vocal. Par ce qui pourrait fâcher, tout d'abord. Le très médiocre Ginardo de la basse Orfila, instable au possible, le timbre souvent rocailleux d'une Olga Peretyatko, ses aigus droits, sa vocalise scolaire. Ceci compensé par le grand professionnalisme de Romano en Isidoro et surtout de l'exemplaire travesti musico d'Anna Goryachova, Edoardo poète à la guitare désaccordée. Nicola Alaimo, parfois lent à s'échauffer, impose dès le quatuor du premier acte et avant le suprême quintette du II son Aliprando protecteur et volubile. De Flórez, tout a été dit : la vis comica en contrepoint d'une émission de velours pimentée d'aigus sidérants, le legato uni à une vocalisation hors pair. De DVD doit prendre place dans toute vidéothèque rossinienne, une fois corrigées les erreurs d'un générique où le nom d'Aliprando est venu se substituer à celui de Ginardo dans les plages 3 à 5.

J.C.