Will Hatmann (Tamino), Dorothea Röschmann (Pamina), Diana Damrau (la Reine de la nuit), Franz-Josef Selig (Sarastro), Simon Keenlyside (Papageno), Ailish Tynan (Papagena), Adrian Thompson (Monostatos), Thomas Allen (l'Officiant). Ch. & Orch. du ROH Covent Garden, dir. Colin Davis, mise en scène : David McVicar (27.I.2003).
DVD Opus Arte OA 0886 D. Distr. DistrArt Music. Bonus : Interview (C. Davis) et documentaire (total : 16').

Captée ici à sa création et depuis plusieurs fois reprise, la production de La Flûte enchantée par David McVicar est une réussite visuelle et spectaculaire qui offre une option DVD de choix pour le Singspiel mozartien. La scénographie équilibre parfaitement le conte de fées pour enfants, la rêverie onirique et un classicisme référentiel : le papier mâché (le dragon) ou la marionnette à vue (l'oiseau de Papageno) côtoient des éclairages raffinés, magnifiant un bleu nuit profond, comme une cosmogonie symbolique qui renvoie aussi bien au siècle de la Raison qu'à l'imagerie historique (la Reine de la nuit en astre lunaire vêtu d'une pluie d'étoiles). Les touches de cocasserie sont aimables (Monostatos en courtisan fardé, Papageno et son inénarrable bonnet à col-vert intégré...), et s'il manque à l'ensemble une vraie singularité puissante, on y retrouve pourtant tous les enjeux de l'ouvrage et tous ses niveaux de lecture.

La distribution est de très haut vol, malgré quelques imperfections. Seuls les deux extrêmes déçoivent, malgré la grande valeur des artistes : Franz-Josef Selig est ici trop épais en Sarastro, manque de netteté et avoue parfois des raucités ou un vibrato inégal ; Diana Damrau, si elle possède de la Reine de la nuit et les aigus stratosphériques et le medium plein trop souvent occulté, n'a pourtant pas le délié et la finesse (de trille, par exemple) requis. A un Tamino sombré au point de paraître (trop) héroïque parfois, répond une exceptionnelle Pamina : Dorothea Röschmann, sensible et émouvante, affiche un chant superbe, riche et velouté, ombre et lumière, sensuel et candide à la fois. Chapeau bas. En Papageno, Keenlyside réussit une composition où le comique (qui conquiert audiblement le public) se mêle d'une gravité rare. Une gravité que l'on retrouve dans la direction mesurée - voire compassée - de Colin Davis et qui, chez les trois Garçons, confine à la tristesse (on comparera ces maîtrisiens impeccables mais sans joie intérieure au chant lumineux et bienfaiteur de leurs collègues de Baden-Baden 2013, DVD Berliner Philharmoniker). Comme La Flûte est difficile à réussir sur tous les plans...

C.C.