Alan Oke (Peter Grimes), Giselle Allen (Ellen Orford), David Kempster (Captain Balstrode), Gaynor Keeble (Auntie), Catherine Wyn-Rogers (Mrs Sedley), Robert Murray (Bob Boles), Henry Waddington (Swallow), Christopher Gillett (Rev. Adams), Charles Rice (Ned Keene), Stephen Richardson (Hobson), Alexandra Hutton, Charmian Bedford (Nieces), Chœur Opera North, Chœur de la Guildhall School of Music and Drama, Britten-Pears Orchestra, dir. Steuart Bedford (live 7-9.VI.2013, Aldeburgh).
CD Signum SIGCD348. Distr. Rue Stendhal.

Le centenaire de la naissance de Britten n'aura guère inspiré de nouvelles productions de Peter Grimes. Le Festival Britten fit exception en confiant à Margaret Williams une mise en scène destinée à être filmée et projetée  le 3 septembre dernier en plein air sur la plage d'Aldeburgh. La bande-son nous en parvient aujourd'hui, espérons que le DVD suivra. Alan Oke n'a certainement pas le charisme des grands Grimes - Pears, Vickers, Rolfe-Johnson, Anthony Dean Griffey - mais il compose un personnage fragile, en cela émouvant aussi bien dans « Now the Great Bear », intériorisé, que dans la dernière scène avec l'apprenti, subtilement détaillée et où il recourt au strict parlando que Britten note sur sa partition. Tous sont au diapason d'une conception qui est d'abord celle d'une troupe parfaitement réglée par Steuart Bedford, dont Britten avait fait son assistant durant ses dernières années : il parachève ici un remarquable ensemble de gravures discographiques essentiellement consacré aux opéras. Giselle Allen est elle aussi diablement émouvante, on n'avait pas mieux chanté Ellen Orford depuis Felicity Lott ou Susan Chilcott, le Capitaine Balstrode rugueux de David Kempster marche dans les pas de celui de Thomas Allen, Auntie et Mrs Sedley sont croquées avec art. Alors pourquoi seulement deux cœurs ? Car Steuart Bedford n'a pas tout à fait les moyens de sa politique, avec son orchestre un rien modeste, qui manque de profondeur. Gageons que lorsqu'on aura l'image, on appréciera mieux son travail, réglé, cela se devine à ses accents, sur la régie de Margaret Williams.

J.-C.H.