Michael Nagy (Friedrich), Peter Bronder (Luzio), Charles Reid (Claudio), Christiane Libor (Isabella), Anna Gabler (Mariana), Anna Ryberg (Dorella), Thorsten Grümber (Brighella), Frankfurter Opern-und Museumorchester, dir. Sebastian Weigle (Live 2012).
CD Oehms Classics OC 942. Distr. Abeille Musique.

La seule bonne raison d'écarter Les Fées, La Défense d'aimer et Rienzi du temple de Bayreuth, tient à la nécessité d'y pratiquer des coupures à cause de ces redites que Wagner sera paradoxalement le premier à bannir. Pour les représentations du centenaire à l'Opéra de Munich, en 1983, Wolfgang Sawallisch n'avait pas réduit Das Liebesverbot de cinq à trois heures, comme on l'a écrit, mais d'une petite demi-heure, en accord avec la mise en scène de Jean-Pierre Ponnelle.

On pouvait espérer que cette version de concert serait plus complète or, sans doute pour ménager les voix, elle l'est encore moins : le milieu de l'air d'entrée de Claudio, les passages belcantistes du duo Isabella/Mariana, la section à deux voix du duo Luzio/Isabella ont été coupés et, à l'acte II, le duo Claudio/Isabella, le Trio, et jusqu'à l'air de Friedrich, sont écourtés. Cela représente une bonne dizaine de minutes et ces retranchements - contrairement à ceux communs aux deux enregistrements (dans les chœurs, notamment) - touchent à la physionomie même de l'ouvrage.

Certes, la prise de son, plus précise, un peu agressive parfois, fait découvrir des détails d'orchestre (le mordant des trois bassons dans le finale du II !) mais les chanteurs, privés de la scène et qui brillent davantage par leur tenue que par des qualités vocales exceptionnelles - le meilleur, l'excellent Michael Nagy, n'a pas encore l'étoffe d'Hermann Prey -, semblent avoir surtout le souci de n'être pas couverts par un orchestre qui ignore la légèreté spirituelle et les pianissimos spécifiés. Autant dire qu'il y a un monde entre la direction pragmatique de Weigle et celle, toujours inspirée, de Sawallisch.

G.C.