Hermann Prey (Comte Erminio Saluzzo), Anneliese Rothenberger (Carlotta), Günter Wewel (Nasoni), Martin Finke (Benozzo), Gabriele Fuchs (Sora), Willi Brokmeier (Sindulfo), Gerd W. Dieberitz (Luigi). Orch. de la radio de Munich, chœur de l'Opéra d'État de Bavière, dir. Heinz Wallberg (1981).
CD EMI Classics, collection « Electrola », 50999 6 15067 2 5. Distr. EMI.

De la vingtaine d'opérettes que composa Carl Millöcker (1842-1899), la postérité n'a guère retenu que Der Bettelstudent (1882) et ce délicieux Gasparone, créé au Théâtre an der Wien en 1884. La collection « Electrola » d'EMI reprend ici un enregistrement réalisé en 1981 et qui propose la version révisée en 1932 par le librettiste Ernst Steffan et le compositeur Paul Knepler. En l'absence sur le marché de la version originale, on chérira ce coffret qui permet de goûter une musique irrésistible de rythme, certes, mais aussi et peut-être surtout de charme, voire de nostalgique tendresse. L'intrigue se déroule en Sicile et tourne autour du mariage de la riche héritière Carlotta et d'un étranger que l'on croit être le célèbre bandit Gasparone, mais qui se révèle finalement être un noble de bonne famille... En splendide forme vocale, Hermann Prey et Anneliese Rothenberger forment ici un duo de rêve, avec un sourire dans la voix, un naturel suprême dans le chant et une fraîcheur d'expression qui ne se démentent jamais. En plus de sa magnifique voix de basse bouffe, Günter Wewel possède toute la truculence nécessaire pour le rôle du maire qui rêve de marier son fils à la belle Carlotta. Si Martin Finke campe un Benozzo parfaitement en situation et bien chantant, Gabriela Fuchs ne se hisse pas au même niveau, de même que le chœur, pas toujours très solide, de l'Opéra d'État de Bavière. Mais ne boudons pas notre plaisir, d'autant plus que Heinz Wallberg offre la lecture la plus caressante, la plus grisante qui soit d'une partition à (re)découvrir de toute urgence.

L.B.