Samuel Youn (le Hollandais), Ingela Brimberg (Senta), Nikolai Schukoff (Erik), Kwangchul Youn (Daland), Kai Rüütel (Mary), Benjamin Bruns (le Timonier), Chœurs et Orchestre du Teatro Real, dir. Pablo Heras-Casado, mise en scène : Alex Ollé (Madrid, 2016).
DVD Harmonia Mundi HMD 9809060.61. Distr. Harmonia Mundi.

Lyon a vu ce Vaisseau génialement animé par la Fura dels Baus, tout mer et tempête, où Alex ollé fait voyager au long cours le Hollandais, pratique qui semble devenir l’habitude depuis qu’Andreas Homoki l’avait exilé dans cette sombre Afrique digne du Voyage au bout de la nuit. Cette fois, les colonies ont encore frappé : on est à Chittagong, Bengladesh. Mais tout ici n’est que dans le décor, dans l’image qui frôle le génie lors de la métamorphose finale, marins et Senta confondus, ou encore dans la mise en pièces du vaisseau à l’acte II. Cela, il faut l’avoir vu, surtout filmé avec tant d’à-propos par Stéphane Vérité. Mais sa caméra, aussi virtuose et sensible soit-elle, se heurte à l’absence de direction d’acteurs dont seuls émergent ici la Senta suprêmement chantée d’Ingela Brimberg, étrennée par Marc Minkowski voici quelques années, et l’Eric écorché vif de Nikolai Schukoff, incarné avec une pointe de génie qui est le sceau de cet acteur-chanteur. Ailleurs les personnages sont vides, parfois splendides vocalement (le Daland de Kwangchul Youn), parfois usés de timbre et de justesse: Samuel Youn dépare toute la soirée de son Hollandais sans grandeur. Si bien que, malgré la direction ténébreuse de Pablo Heras-Casado, je range pour mémoire ce Vaisseau parmi tant d’autres, pas certain d’y revenir voir ou entendre.

J.-C.H.