Alexander Lueg (Hütchen), Hans-Georg Priese (Frieder), Rebecca Broberg (Katherlies’chen), Julia Ostertag (la Grand-Mère du diable), Martin Schmidt (Siegfried Wagner), Peter P. Pachl (Jacob Grimm), PPP Music Theater Ensemble (Munich), Chœurs de la Ruhr Universität de Bochum, Orchestre symphonique de Bochum, dir. Lionel Freind, mise en scène : Peter P. Pachl (Bochum, 2015).

DVD Marco Polo 2.220006. Distr. Outhere.

Comment exister quand son père se nomme Richard Wagner ? Siegfried, « der Sohn », comme on l’appelait souvent, eut fort à faire, et en fit de fait beaucoup. Chef d’orchestre doué mais trop restreint à l’œuvre paternel, metteur en scène également doué mais en rien révolutionnaire, directeur du Festival de Bayreuth de 1908 à 1930 mais trop peu enclin à renouveler l’institution pour qu’elle s’inscrive dans la modernité du temps, il fut aussi compositeur lyrique, mais dans un tout autre domaine que son père. Laissant à ce géant le Mythe, il se contenta du Conte, mais sans y gagner autre chose que du respect (sinon parfois du mépris), et ses quelque 15 opéras ne s’imposèrent jamais ni comme de grands succès du moment, ni comme des piliers du répertoire. À Bayreuth, on clamait conspiration ! Il leur manque en fait non seulement l’envergure de la création paternelle, mais aussi ce qui fit le génie d’un Humperdinck : la séduction immédiate. Son art, même parcouru ici et là de jolies idées, de formules bienvenues ou habiles, reste pesant, laborieux, honnête sans plus, et absolument dépourvu de génie. Un petit maître, donc, que le temps aurait maintenu dans l’oubli – hors ses implications dans la geste bayreuthienne – sans l’obstination de quelques-uns à ressusciter ses œuvres.

Marco Polo s’est joint à eux depuis 20 ans déjà pour éditer peu à peu un vrai catalogue de ses opéras en profitant des captations audio (et maintenant vidéo) de leurs rares productions, dont les dernières sont à l’initiative de Peter P. Pachl et de son PPP Music Theater Ensemble, une équipe d’interprètes fidèles sinon majeurs, au premier rang desquels on saluera Rebecca Broberg, beau soprano déjà remarqué dans Der Kobold, la seule autre édition DVD d’un opéra du compositeur. Mais une troupe sympathique – avec le remarquable Hütchen muet du jeune Alexander Lueg – ne saurait suffire ici. Car si les intentions sont bonnes, les interprètes sont lourdement handicapés par la réalisation du spectacle qui frise ici l’amateurisme : le fait de jouer dans une Aula universitaire n’autorise pas tant de facilités, qui tournent vite au spectacle de patronage. Certes, les moyens manquent, mais s’il fallait se contenter de projections derrière l’orchestre, fallait-il aussi conduire le jeu d’acteurs (installé devant la phalange) aussi pauvrement ? On se lasse très vite de cette vacuité, que la baguette attentive et enlevée de Lionel Feind ne parvient pas vraiment à faire décoller.

P.F.