Vladimir Feliauer (le tsar Dodon), Andrei Ilyushnikov (le tsarévitch Gvidon), Vladislav Sulimsky (le tsarévitch Afron), Andrei Serov (le général Polkan), Elena Vitman (Amelfa), Andrei Popov (l'Astrologue), Aida Garifullina (la Reine de Chemakha), Kira Loginova (le Coq d'or), Chœur et Orchestre du Théâtre Mariinsky, dir. Valery Gergiev, mise en scène : Anna Matison (Saint-Pétersbourg, 27/12/2014).

DVD + Blu-ray Mariinsky MARO596. Distr. Harmonia Mundi.

 

Une ado porte un sac à dos en forme de coq, fait un selfie devant un grand coffre d'où sortira le conte. L'Astrologue est d'aujourd'hui mais le Tsar porte un bulbe de clocher en guise de chapeau. La production de la cinéaste Anna Matison est une mixture bigarrée, une féerie grotesque pleine de clins d'œil - l'énorme serpent pourrait symboliser la tentation. On oscille entre plusieurs Russie, entre un merveilleux revisité et une pagaille carnavalesque annonçant Petrouchka, alors que le décor du deuxième acte tient à la fois de la fin et de l'origine du monde, avec ces fleurs sans doute aussi vénéneuses que la Reine de Chemakha. Mais la scénographie souvent très techno sert finalement d'alibi à une direction d'acteurs approximative, qui ne sait pas ordonner les mouvements du chœur et abandonne les personnages à eux-mêmes. Du trompe-l'œil, en quelque sorte. Valery Gergiev n'ajoute pas grand-chose : sa direction épaisse paresse au premier acte, s'anime un peu ensuite pour ne prendre vie qu'au troisième acte, guère sensible à la sensualité colorée et raffinée de la musique de Rimski. Pas très sensuelle non plus, la Reine adolescente blonde et court vêtue d'Aida Garifullina, qui pourrait aussi bien être Rusalka, domine malgré tout la distribution : Vladimir Feliauer prête à Dodon une voix courte, médiocrement conduite, l'Astrologue d'Andrei Popov étrangle des aigus impossibles. Qu'il reste le joli Coq de Kira Loginova, la truculente Amelfa d'Elena Vitman et le Polkan prometteur d'Andrei Serov ne nous console pas. On en reste à la production d'Ennosuke Ichikawa dirigée par Kent Nagano (Arthaus).

D.V.M.