Radio-Ouverture
(versions tchèque et allemande) - Pavel Haas

Jens Winkelmann, Ji Hoon Kim, Gerd Wiemer, Christian Grygas (2007).

Sabinchen - Paul Hindemith

Jeannette Oswald (Sabinchen), Bernd Könnes (le Cordonnier), Elke Kottmair (la Voix féminine), Gerd Wiemer (la Voix d'homme), Fanny Linsmann (la Voix d'enfant) (2009).

Mord - Walter Gronostay

Elmar Andree (le Directeur de l'usine), Elke Kottmair (sa Femme), Christian Grygas (l'Amant), Inka Lange (la Femme de chambre) (2010).

Berliner Requiem - Kurt Weill

Veit Zorn, Gerd Wiemer, Herbert Adami (2007).

Bänkel und Balladen - Wilhelm Grosz

Marcus Günzel, Elke Kottmair (2010).

Jorinde und Joringel - Heinrich Sutermeister

Dagmar Nick (la Narratrice), Jessica Glatte (Jorinde), Frank Ernst (Joringel), Inka Lange (la Sorcière), (2011).

Orchestre de la Staatsoperette de Dresde, dir. Ernst Theis (2007-2011).

Bonus : Sabinchen - Paul Hindemith

Irene Eisinger (Sabinchen), Max Kuttner (le Cordonnier), Otto Kronburger (l'Homme), Rose Lichtenstein (la Femme), Iris Wittig (l'Enfant). Orchestre de la radio de Berlin, dir. Maximilian Albrecht (1930).

CD CPO 777 839-2. Pas de livret. Distr. DistrArt Musique.

Inaugurée en 2010 avec la suite lyrique Leben in dieser Zeit d'Edmund Nick, la collection « RadioMusiken » de CPO se consacre à l'exploration du répertoire composé pour la radio allemande entre le milieu des années 20 et le tout début du IIIe Reich. Après un coffret réunissant en 2014 des suites et ouvertures d'Eduard Künneke, Franz Schreker, Mischa Spoliansky, Ernst Toch, Max Butting et Walter Braunfels, voici le troisième volet, intitulé Plays & Operas For The Radio. Précisons d'emblée que le titre peut induire en erreur l'amateur d'opéra, puisqu'on ne retrouve ici qu'un seul Funkoper, ou opéra pour la radio : Jorinde und Joringel de Heinrich Sutermeister (1910-1995), d'après un conte des frères Grimm et d'une durée de 35 minutes. Très marqué par son professeur Carl Orff, le compositeur suisse confère rythme et lyrisme à l'histoire des deux amoureux aux prises avec les maléfices d'une sorcière qui transforme les jeunes filles en oiseaux.

Les pièces pour la radio (Hörspiele) sont au nombre de deux : Sabinchen de Paul Hindemith et Mord de Walter Gronostay. En l'absence de livret, et à moins de comprendre parfaitement les dialogues allemands, il s'avère bien difficile de goûter à leur pleine mesure deux partitions étroitement associées aux multiples rebondissements d'une action dramatique assez complexe. Les quatre Chansons et Ballades de Wilhelm Grosz, qui nous plongent dans l'atmosphère envoûtante des cabarets berlinois, procurent un tout autre plaisir musical, tout comme le célèbre Berliner Requiem de Kurt Weill. Mais pourquoi avoir retenu cette dernière œuvre alors que Le Vol de Lindbergh de ce même Weill aurait naturellement trouvé place à côté des autres pièces radiophoniques ? Le choix est d'autant plus discutable que l'interprétation de la poignante cantate sur la mort n'est en rien mémorable, en raison d'un orchestre qui manque de mordant et de solistes aux moyens limités. L'amusante ouverture de Pavel Haas, d'abord donnée en tchèque puis reprise à la toute fin du programme en allemand, est nettement plus satisfaisante. Dans cette pièce où le quatuor masculin chante les louanges du son, des ondes, du microphone et des haut-parleurs avant d'entonner un hymne à la gloire de Marconi, l'humour des frères Haas (le texte a été écrit par l'acteur et réalisateur Hugo Haas) est bien traduit par les musiciens. Maître d'œuvre de la collection, Ernst Theis est à la tête de la Staatsoperette de Dresde, qu'il a dirigée de 2003 à 2013 et qui, si l'on excepte le Weill, se hisse à un bon niveau. On n'en regrette que davantage la faiblesse générale des chanteurs, qui jettent une ombre sur cette entreprise au demeurant très louable.

L.B.