Walter Berry (Figaro), Renate Holm (Suzanne), Renato Cesari (le Comte), Victoria de Los Angeles (la Comtesse), Christa Ludwig (Chérubin), Orch. du Teatro Colón, dir. Istvan Kertesz (Buenos Aires, 1964, live).

CD VAI Audio VAIA 1282-3. Distr. DistrArt Musique.

Le premier intérêt de ces Noces inédites est de connaître la direction d'Istvan Kertesz dans cette œuvre où sa baguette si mozartienne n'était pas encore documentée dans la discographie. Le chef hongrois serait à n'en pas douter devenu l'une des très grandes pointures de la baguette s'il n'était pas mort noyé à 44 ans, en 1973. Pour l'entendre diriger la Folle Journée, il faut donc se reporter à ce live inédit capté au Colón de Buenos Aires en septembre 1964. Dans une prise de son claire mais manquant de chair, on est frappé par la vivacité et la légèreté de sa direction très latine, allante sans précipitation, toujours élégante et d'un soutien remarquable pour les chanteurs. Sous cette conduite tout à la fois précise et stimulante, l'Orchestre du Colón, qui n'est pas passé à la postérité pour être la plus onctueuse des phalanges, joue ici à son meilleur, même si l'enregistrement ne le flatte guère par sa sécheresse.

L'autre motif de s'intéresser à ce témoignage sur le vif était l'immortalisation de la Comtesse de Victoria de Los Angeles, que l'on ne connaissait jusque là que dans un autre live, de Fritz Reiner au Met, où elle n'était pas tout à fait convaincante. Elle est ici franchement décevante, non seulement parce que son incarnation du personnage apparaît superficielle et conventionnelle, mais surtout parce qu'elle est ce soir-là en délicatesse avec sa voix, asséchée et indurée, jusqu'à souffrir et nous faire souffrir dans la section finale de « Dove sono » où l'aigu ne sort qu'au prix d'une tension douloureuse. Un soir sans, ce qui arrive à tout le monde mais pose la question de la nécessité de publier à tout prix certaines archives. Peu de surprises chez les autres : on connaît bien le Chérubin généreux et voluptueux de Christa Ludwig, tout comme le Figaro tout à la fois charmeur et combatif de son mari Walter Berry, un peu moins la Suzanne très soubrette de Renate Holm, piquante mais un peu légère à tout point de vue, et le Comte très autoritaire de Renato Cesari, plutôt impressionnant. Un document marginal, dans lequel les collectionneurs ou les inconditionnels de tel ou tel artiste pourront piocher à leur guise.

C.M.