Anicio Zorzi Giustiniani (Artaserse), Maria Grazia Schiavo (Mandane), Franco Fagioli (Arbace), Sonia Prina (Artabano), Rosa Bove (Semira), Antonio Giovanini (Megabise), Orchestra internationale d'Italia, dir. Corrado Rovaris, mise en scène: Gabriele Lavia (Martina Franca 2012).

DVD Dynamic 37715. Notice en anglais et italien. Distr. Outhere.

En lui-même, le livret de Métastase, le plus fréquemment réutilisé au XVIIIe siècle (110 fois), est déjà une légende. Sa première mise en musique, par Leonardo Vinci, le 4 février 1730 à Rome (dont Fasolis a réalisé une belle intégrale en 2012, chez Virgin), rencontra un succès triomphal. Que dépassa encore celui connu par la version de Johann Adolf Hasse, créée à peine... sept jours plus tard, à Venise. Et confiée à des chanteurs mythiques - entre autres les castrats Farinelli (Arbace) et Nicolino (Artabano), la soprano Cuzzoni (Mandane) et la contralto Pieri (Semira). L'opéra de Hasse conquit rapidement l'Europe, jusqu'à la Londres de Haendel (qui y fit appel pour ses pasticcios) et l'Espagne de Philippe V (deux des fameux airs sans lesquels le monarque ne pouvait s'endormir en sont tirés). Une telle aura laissait présager une production passionnante ; captée lors du Festival de Martina Franca de 2012, celle-ci nous parvient à la fois sous forme de coffret audio et de DVD. Las, rien ne fonctionne ! A commencer par la direction terriblement fruste, brutale de Rovaris, à la tête d'un orchestre atone. Lorsque le chef bergamasque ne prend pas le train, il semble s'assoupir, comme lors de la scène finale de l'acte II : pris larghissimo, le fameux « Pallido il sole » perd à la fois expression et impact. Le reste du temps, les chanteurs courent après l'accompagnement (la pauvre Bove dans « Se del fiume ») ou sont livrés à eux-mêmes. Or, tout spécialistes de cette musique qu'ils soient, ils auraient eu besoin d'être un peu « cadrés » : Fagioli reste certes phénoménal (caracolant sur plus de deux octaves - sans parler d'une cadence en voix de baryton ! - dans « Parto qual pastorello ») mais multiplie les effets d'un goût douteux (dont une messa di voce coupée en deux) ; Prina, plus « virile » que jamais, se vautre dans des sonorités râpeuses et Bove dans ses notes de poitrine, tandis que Schiavo se réfugie dans une émission acide guère évocatrice de la divine Cuzzoni et que Zorzi Giustiniani se contente d'une fade joliesse, tout en gesticulant abondamment. Ah, oui : la « mise en scène »... Il n'y en a guère. Dans un décor unique de parois en bois « alla Peduzzi », censé représenter jardins, prison et salle du trône, des figures vêtues à la mode du début du XXe siècle (l'époque du fascisme naissant ?) prennent des poses convenues, sans parvenir à éclairer ni animer une pièce il est vrai cérébrale. Donné dans de telles conditions, cet Artaserse soi-disant légendaire frôle le pensum...

O.R.