Ulrike Schneider (Agrippina), Joao Fernandes (Claudio), Ida Falk Winland (Poppea), Jake Arditi (Nerone), Christopher Ainslie (Ottone), Owen Willetts (Narciso), Ross Ramgobin (Pallante), Ronaldo Steiner (Lesbo), FestspielOrchester Göttingen, dir. Laurence Cummings (live, 2015).
CD Accent ACC 26404. Notice et livret en anglais. Distr. Outhere.

 

Suite sans surprise de la série captée sur le vif par Accent au Festival Haendel de Göttingen. Quel dommage !, se dit-on... Quel dommage que Laurence Cummings, excellent chef haendélien (il dirige aussi le Festival londonien consacré au compositeur), ne bénéficie jamais, dans ce cadre, de distributions à la hauteur de son talent ! On le déplorait déjà lors de la parution des précédents titres (Siroe et Faramondo notamment). C'est à la fois plus et moins flagrant ici : plus car Agrippina (1709), dernier opéra composé par le Saxon en Italie, est devenu un titre suffisamment populaire pour qu'en existe un nombre significatif de versions (Gardiner, McGegan, Jacobs, Malgoire, Jünghanel), rendant celle-ci dispensable. Moins, car cet ouvrage éminemment théâtral conserve sa séduction même dans un contexte vocal approximatif : ainsi, on ne doute pas que les spectateurs de mai dernier (date à laquelle ce live a été enregistré) n'aient passé une excellente soirée - dont, cette fois, on aurait peut-être préféré connaître la captation visuelle. Réduite à sa dimension sonore, cette production affiche les limites de ses interprètes, dans l'ensemble peu charismatiques - à l'exception du Claudio profond et balourd de la basse Joao Fernandes et de l'Agrippina perfide, éminemment crédible (mais à la virtuosité très relative) de la mezzo Ulrike Schneider. La partition (près de quatre heures) est quasiment donnée dans son intégralité : ne manquent que la Licence confiée à Junon et, bizarrement, les vocalises de Poppée dans "Se giunge il dispetto"... Est-ce le résultat du choix de la nouvelle édition critique supervisée par John E. Sawyer ("enregistrée pour la première fois" clame la notice), ou d'une volonté de ménager les chanteurs ? Car, passée une Ouverture remarquablement dosée et pertinente, on sent Cummings soucieux de ne pas les bousculer, quitte à laisser les trois contre-ténors livrés à eux-mêmes (alors qu'Ainslie, par exemple, se serait sans doute montré plus convaincant en étant davantage "coaché"). Dans les années 1990, la série d'enregistrements réalisée dans le même contexte par McGegan pour Harmonia Mundi ne bénéficiait pas d'artistes plus probants, mais sans doute d'un plus grand luxe de répétitions - ce qui, aujourd'hui encore, fait, côté voix, la (petite) différence...

O.R.