En conteur érudit, Christian Wasselin nous guidait à travers le Paris de Berlioz, nous disant l’essentiel des relations parfois compliquées avec une ville qu’il habita pendant plus de quarante-cinq ans, de 1821 à sa mort. Mais son Paris de Berlioz n’a rien à craindre de ce Berlioz et Paris, qui pourtant pèse cinq fois plus lourd. Le propos du colloque international consacré au sujet, en décembre 2019, à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la mort du musicien, est en effet tout autre. Il s’agit  de contributions académiques, sous la direction de Cécile Reynaud – signataire d’une passionnante préface. Ce Paris est aussi bien celui de la Faculté de médecine, que fréquenta le jeune étudiant avant de suivre sa véritable voie (Sabine Le Hir), que celui de l’église Saint-Eustache, lieu privilégié de ses architectures sonores (Jennifer Walker). Celui des expositions universelles, censées célébrer le mariage de l’art et de l’industrie, dont il est juré et où il organise de gigantesques concerts (Emmanuel Reibel), celui des salons également, qu’il brocarde mais visite volontiers quand il y côtoie artistes ou écrivains (Rosalba Agresta).

C’est là qu’il découvre à la fois Beethoven et Wagner (Gunther Braam), qu’il cherche dès le début des salles à la mesure de ses ambitions (Etienne Jardin), qu’il écrit ou suscite des critiques passionnées – lui-même à l’origine d’une polémique entre Ernest Reyer et le conservateur Paul Scudo (Nizam Kettaneh). C’est là qu’il se verrait bien directeur d’un théâtre, les Italiens par exemple, pour élaborer des saisons selon ses goûts (Stella Rollet). Non qu’il manque toujours de soutiens : en témoignent ses relations avec le chef de bal Isaac Strauss, intéressé comme lui aux combinaisons de timbres (Laure Schnapper), ou, après sa mort, les programmes des concerts Lamoureux, où il occupe la troisième place, après Wagner et Beethoven (Yanick Simon). Paris, d’ailleurs, ne l’oublia pas : il y fut le premier musicien statufié (Jacqueline Lalouette). Tout cela ne l’empêcha pas d’entretenir des liens avec les Dauphinois de Paris (Bruno Messina).

Au total, une mine de 600 pages, composée d’une vingtaine d’articles, qui s’achève au Cimetière Montmartre, où repose le compositeur (Alban Ramaut), d’un grand intérêt pour la plupart, que tout berliozien s’empressera de découvrir – à petites gorgées.

D.V.M