Freddie de Tommaso (Riccardo), Lester Lynch (Renato), Saioa Hernández (Amelia), Kevin Short (Samuel), Adam Lau (Tom), Elisabeth Kulman (Ulrica), Annika Gerhards (Oscar), Jean-Luc Ballestra (Silvano), Samy Camps (Il Primo Giudice) ; Chœur philharmonique d'état de Transylvanie, Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, dir. Marek Janowski.

Pentatone (2 SA-CD compatible CD) PTC 5187046. Juin-Juillet 2021. Notice en anglais. Livret en italien et en anglais. Distr. Pentatone.

On n'attend guère Marek Janowski dans le répertoire verdien et cette intégrale du Bal masqué réalisée en 2021 à l'Auditorium Rainier III de Monte-Carlo nous dit largement pourquoi. La direction du chef polonais, franche et sans concession, a quelque chose de quasi toscaninien. Très analytique et presque triviale dans l'alternance de tempi très métronomiques, elle renforce le caractère dramatique de l'œuvre, mais la  prive de sa variété de climats et d'une certaine poésie, avec une teinte d'ensemble assez uniforme. La distribution ne rattrape guère cette impression de brutalité et de manque de profondeur. Freddie de Tommaso possède certes un assez beau timbre solaire de ténor lyrique mais les aspects « légers » et vocalisants du rôle, la désinvolture suicidaire du personnage de Riccardo (il s'agit de la version de Boston) lui échappent tout à fait. Son émission dans l'aigu toujours un peu trop complaisante enlève de la noblesse à son personnage. Saioa Hernández possède une de ces grandes voix de spinto devenues rares mais le timbre est assez ingrat. Plutôt accoutumée au répertoire vériste, le sens du legato lui fait défaut comme le laisse entendre son émission heurtée dans le duo du deuxième acte. La voix est beaucoup trop véhémente dans le registre aigu pour transmettre le mélange de fragilité et de décision du personnage d'Amelia. Ses meilleurs moments sont à trouver dans les moments lyriques comme l'air du III où la tessiture reste assez centrale. Bonne voix, mais peu varié dans l'expression, le Renato de Lester Lynch ne marque guère par manque de ce caractère incisif qui caractérise le baryton verdien. Bien que peu  idiomatique, l'Ulrica d'Elisabeth Kulman tire son épingle du jeu grâce à des graves splendides. Quant à  l'Oscar d'Annika Gerhards tout en raideur, il passe au premier acte à côté du caractère piquant du rôle, se rattrapant quelque peu dans la scène du bal. Peu aidés par la direction dans la scène de moquerie du deuxième acte, les deux conspirateurs paraissent bien lourds. L'excellent orchestre de Monte-Carlo et ses pupitres solistes ainsi que le chœur philharmonique d'état de Transylvanie (enregistré séparément et mixé a posteriori) sont parmi les atouts de cet enregistrement dont on se demande tout de même quelle était la nécessité. Sans doute s'agit-il, avec  une superbe prise de son réalisée pour le SA-CD, sensible également à l'écoute en CD, de faire plaisir aux amateurs de hi-fi.


A.C