Laila Andersson-Palme (Elektra), Gunilla Söderström (Clytemnestre), Anita Soldh (Chrysothémis), Lennart Stregård (Egisthe), Gunnar Lundberg (Oreste), Anders Lorentzson (Précepteur d’Oreste), Carina Morling (Confidente), Eva Pilat (Porteuse de traîne), Sonny Wallentin (Un jeune serviteur), Bengt Lindberger (Un vieux serviteur), Jadwiga Koba (Surveillante), Inger Blom (Première servante), Anna Larsson (Deuxième Servante), Carolina Bengtsdotter Ljung (Troisième servante), Agneta Lundgren (Quatrième servante), Hilde Leidland (Cinquième servante). Orchestre de l’Opéra de Stockholm, dir. Siegfried Köhler (Opéra de Stockholm, 4 mai 1996).
Sterling CDA1867. Distr. Outhere.

On comprend que la firme suédoise ait tenu, après sa Salomé, à pérenniser l’Elektra de l’icône de l’Opéra de Stockholm que fut Laila Andersson-Palme, qui commença Reine de la nuit. Voici donc sa soirée d’adieux, le 4 mai 1996, où elle montrait encore, à 55 ans, une belle santé vocale pour un tel rôle. L’aigu sonne clair, le médium et le grave sont nourris, elle a assez d’endurance pour ne pas s’épuiser avant le dénouement, toujours soucieuse de nuances : bref, elle conduit sûrement sa voix avec une très belle scène de la reconnaissance d’Oreste. Aux côtés de cette Elektra vibrante, plus lyrique que dramatique, plus blessée que vengeresse, la Chrysothémis d’Anita Soldh manque seulement de lumière dans l’aigu, pas toujours parfaitement juste, et d’incandescence dans l’interprétation, alors que la Clytemnestre de Gunilla Söderström, souvent captée de trop loin, est plus difficile à juger même si l’on sait gré à cette voix bien timbrée de chanter – bien – son rôle là où d’autres recourent trop au Sprechgesang ou versent dans l’histrionisme. Le reste de la distribution se tient. Siegfried Köhler dirige en chef de théâtre efficace, sans beaucoup se soucier des couleurs de l’orchestre straussien, les musiciens accusant de sérieuses limites. De toute façon, une telle captation, quels que soient ses mérites, ne peut que pâtir d’une concurrence redoutable, perdue au sein d’une discographie particulièrement riche – les noms sont trop connus pour qu’on les cite. Mais le public suédois aura sans doute plaisir à revivre cette soirée où Laila Andersson-Palme tirait dignement sa révérence, trente-et-un ans après avoir été simple servante quand sa compatriote Birgit Nilsson incarnait Elektra.

D.V.M